L’Acteur-Créateur

L’improvisation, à l’origine du processus de création, s’élabore à partir d’outils dramaturgiques qui permettent aux acteurs d’établir des structures, des réseaux et des échelles qui guident l’intentionnalité et l’inventivité d’une œuvre. Il n’est pas rare, habitué à dépendre d’un stimulus antérieur et extrinsèque (généralement un texte dramatique écrit), que l’acteur se sente impuissant, sans confiance et « sans idées », lorsque les processus nécessitent l’improvisation pour participer à une recherche ou encore, s’incarnent dans la mise en scène elle-même. L’acteur peut-il avoir un « nouveau cerveau », assumer l’improvisation comme une œuvre qui se répète avec souplesse, évolue et se transmet de manière intentionnelle, cohérente, capable de provoquer une rencontre vivante?

Tout au long de l’atelier, trois moments historiques seront toujours en arrière-plan, évoquant de manière très intime et évidente le paradigme du Théâtre Total : (1) la pratique de l’oralité épique par les bardes, poètes et conteurs de ces siècles immédiatement avant l’avènement de la technologie de l’écriture, (2) le travail vertueux et hautement inventif de l’acteur de la Renaissance/Baroque à la Commedia dell’Arte et (3) le mouvement des rénovateurs dramatiques au tournant du XXe siècle qui, avec les premières impulsions du symbolisme, des créateurs projetés qui cherchent, paradoxalement, un théâtre sans acteurs (ombres et statues) ou, du moins, atténuant leur présence, dématérialisant la « chair » avec des marionnettes-humains, des masques et tout ce qui les éloignerait de la contingence matérielle du corps et esthétique naturaliste.